Dans cette série d’articles de blog, nous explorons l’avenir de la logistique avec quelques grands experts. Pour la première partie de cette série, nous avons cherché à répondre à la question de savoir comment les centres logistiques évolueront dans la ville de demain. Dans cette deuxième partie, nous nous penchons sur l’entrepôt lui-même et examinons la digitalisation et l’automatisation internes.
Aujourd’hui déjà, l’entrepôt se pare de nouvelles technologies digitales, permettant de mécaniser, voire d’automatiser, bon nombre de tâches logistiques. Et, sans surprise, l’avenir réserve à ces technologies une place prépondérante au coeur des entrepôts. À quoi peut-on s’attendre ? Poursuivez votre lecture et découvrez avec nos experts comment préparer au mieux votre entrepôt à un avenir débordant de nouveaux logiciels, de machines et d’automatisation.
Quand les robots s’invitent dans l’entrepôt
Dans les entrepôts d’aujourd’hui, on voit apparaître des collaborateurs d’un tout nouveau type : les robots. Ceux-ci viennent déjà remplacer, dans des entrepôts de grande envergure, des humains, pour picker, emballer ou transporter. Un robot ou un système automatisé peut travailler 24 heures sur 24 – de quoi libérer les opérateurs dans l’entrepôt de certaines tâches, pour les déployer sur des missions où l’humain présente une réelle valeur ajoutée.
Le monde d’aujourd’hui est déjà beaucoup plus rapide que celui d’hier – et celui de demain le sera encore plus. Les clients finaux vont de plus en plus rechercher cette rapidité, notamment lorsqu’ils commandent en ligne. D’où la révolution logistique, déjà en cours, de la robotique et de l’automatisation, qui vient aider les logisticiens à aller plus vite, tout en assurant un bon niveau de qualité, en diminuant le taux d’erreurs dans la chaîne logistique.
Jos de Vuyst, CEO de Stow GroupLes robots offrent de nombreuses applications utiles. Les techni-robots et les AMR en particulier peuvent remplacer les humains dans de nombreuses tâches difficiles et peu ergonomiques :
- Les techni-robots sont capables d’aller sélectionner des produits dans une palette ou dans un bac plastique, pour les remettre par la suite dans un autre contenant. Ils sont des alliés clés pour la préparation de commandes robotisée.
- Les Autonomous Mobile Robots (AMR) sont des robots qui peuvent analyser l’environnement pour s’y adapter et se déplacer dedans. Ces robots-navettes peuvent alors naviguer de manière indépendante dans les entrepôts, pour transporter des charges lourdes. Beaucoup plus flexibles, il y a fort à parier qu’ils remplaceront, à terme, les convoyeurs.
Quels sont les avantages de l’automatisation ?
La robotisation de l’entrepôt est d’ailleurs à relier à la problématique que vivent les logisticiens actuellement en matière d’immobilier d’entreprise. En effet, des robots shuttles sont capables d’exploiter des surfaces peu ou pas exploitées auparavant, comme les très grandes hauteurs, inaccessibles avec de simples chariots élévateurs. La surface au sol de l’entrepôt s’en retrouve divisée, sans diminuer pour autant la surface de travail logistique.
Il est difficile de prévoir l’avenir de la robotique logistique sur 30 ans, tant les technologies évoluent de manière rapide – mais de fortes tendances se dégagent tout de même. L’une d’entre elles consiste à inviter la robotisation et l’automatisation à l’extérieur de l’entrepôt, pour rapprocher l’activité logistique du consommateur final.
On imagine aisément des camions autonomes, sans chauffeurs, ainsi que le déploiement plus massif des lockers, ces casiers connectés qui permettent aux clients de retirer leurs marchandises et gérer leurs retours de manière autonome. Autant de technologies qui, en plus d’assurer une productivité logistique et une expérience client de meilleure qualité, participent à limiter l’impact environnemental du secteur logistique.
Bon nombre de logiciels de robotique aujourd’hui intègrent une couche d’Intelligence Artificielle, basée sur le machine learning. À terme, ces robots vont savoir quelles tâches réaliser, sans même qu’un humain ait besoin de le leur demander. Et on peut imaginer que, si cette technologie va jusqu’à intégrer du deep learning, les robots pourront même devenir 100 % autonomes et faire leurs propres opérations de maintenance.
Jos de Vuyst, CEO de Stow GroupUne préparation de commandes toujours plus mécanisée
Aujourd’hui, bon nombre de gestes logistiques peuvent être mécanisés dans l’entrepôt, de la ramasse à l’emballage. Certains entrepôts décident même d’automatiser le tout : on se retrouve alors avec un process de préparation de commandes où aucun humain ne touche la marchandise avant qu’un chauffeur ne la mette dans un camion.
En somme, à l’heure actuelle, l’automatisation est capable d’effectuer tous les gestes qu’un opérateur fait aujourd’hui, avec des terminaux reliés à un Warehouse Management System. Et, dans les années à venir, cette mécanisation va s’intensifier, pour aider les entrepôts à gagner en productivité.
Les technologies qu’on voit se déployer aujourd’hui dans les entrepôts existaient déjà depuis plusieurs années. Mais maintenant, elles se démocratisent et nous les voyons réellement arriver dans l’univers logistique, car le besoin s’en fait réellement ressentir (manque de ressources, exigences clients plus fortes). La mécanisation en est l’un des éléments, et dans cette ligne, nous nous sommes adaptés pour la standardiser au maximum avec des ordres et des déclencheurs dans le coeur de l’outil : cela facilite, accélère et rend plus robustes leurs implémentations. D’autres technologies, comme la RFID, couplées parfois avec de la mécanisation, permettent de faciliter et d’augmenter la traçabilité de l’information, depuis sa captation jusqu’à sa diffusion. La traçabilité n’est plus un « nice to have », mais un besoin incontournable à une maille toujours plus fine.
Baudouin De Martene, Consultant avant-vente chez Reflex Solutions
Vers une automatisation encore plus intelligente
Quelles technologies de mécanisation et d’automatisation va-t-on voir gagner en puissance dans les années à venir ? Voici un petit aperçu :
- La commande vocale. Jusqu’alors assez réticents à cette technologie, les logisticiens s’en emparent de plus en plus. En effet, la technologie est devenue beaucoup plus agréable pour l’opérateur, qui est beaucoup moins coupé de son environnement. Elle permet également de récolter de la donnée sur l’entrepôt : un véritable bénéfice pour quiconque veut obtenir un état des lieux et des prédictions fiables sur sa supply chain.
- Le pick-to-light. Cette technologie permet aujourd’hui d’aider les préparateurs de commandes à sélectionner les bons articles dans les rayonnages. Dans son stade plus avancé, le colis est déposé automatiquement sur une balance, qui contrôle le poids des différents produits pour s’assurer qu’il n’y a pas d’erreurs de préparation de commande.
- Le RFID (Radio Frequency Identification). Si, à l’heure actuelle, c’est le code-barre qui investit tous les entrepôts pour confirmer le geste physique réalisé par l’opérateur, demain, le monde logistique va être plus mature pour le RFID. Ce sera l’objet de stock, la marchandise, qui va porter elle-même l’information de traçabilité.
L’internet des objets (IoT) au service de la productivité
Utilisée déjà par les consommateurs au quotidien dans des domaines comme la domotique, l’IoT (Internet of Things), soit les objets connectés, sont de plus en plus présents dans les entrepôts. Ces capteurs sont cruciaux pour capter automatiquement de la donnée, et alimenter divers systèmes informatiques pour anticiper des problématiques logistiques, ou encore éviter des déplacements inutiles aux opérateurs.
L’IoT s’avère être un allié de choc pour les logisticiens, pour répondre à plusieurs de leurs enjeux :
- Le Machine Vision permet, à travers des caméras, de repérer des comportements ou des mouvements, et d’automatiser la collecte d’information sans que l’intervention d’un opérateur ne soit nécessaire. Par exemple, il est possible de retracer l’intégralité du parcours d’un opérateur pour assurer un contrôle qualité optimal lors de la préparation de commande, et repérer les lieux d’éventuelles erreurs.
- L’IoT peut être couplé à une stratégie RSE pour éteindre des luminaires ou des appareils électriques en fonction du taux d’utilisation ou de mouvement dans certaines zones plus ou moins exploitées. Il s’agit, en ce sens, d’une technologie qui va dans le sens des solutions écologiques du moment.
- La donnée captée peut être envoyée aux humains pour interagir avec eux. On vient alors solliciter l’opérateur au bon moment, pour intervenir sur une tâche précise – par exemple, pour la captation de la température en entrepôt ou dans les camions frigorifiques, ce qui évite des allers-retours inutiles aux opérateurs.
Le principe même de l’IoT, aujourd’hui, est qu’il répond à de petits besoins très précis. Or, lorsqu’on cumule tous ces besoins, ces technologies apportent une certaine autonomie décisionnelle aux logisticiens, mais aussi une véritable sécurité à toute la supply chain.
Adrien Soulier, Directeur Général de WIIO
L’avenir des solutions logicielles logistiques
Vous l’aurez compris lors de votre lecture : l’un des enjeux majeurs des années à venir pour la logistique, c’est la donnée : l’or noir du XXIe siècle. Cette data permet autant de maîtriser ses coûts que de faire de la prédiction, pour mettre en place des process plus optimisés, plus compétitifs et plus agiles par rapport aux besoins du marché.
L’avenir des nouvelles solutions logicielles repose alors sur la mise en place d’une intelligence artificielle, algorithmique, sur la base du machine learning, qui permet d’utiliser cette donnée à bon escient. IoT, robots, systèmes automatisés : toutes ces technologies permettront au logisticien de demain de collecter des données. Et, plus il aura des données à sa disposition, plus il pourra prédire des actions :
- sur ses besoins marketing,
- sur le dimensionnement de son stock,
- sur sa production et ses ventes, par exemple, en fonction du temps ou de l’actualité.
Les logiciels déjà présents sur le marché sont des logiciels dits process-driven, basés sur les processus logistiques. Avec toute la donnée que l’on peut récolter dans l’entrepôt, l’objectif est de passer à des logiciels basés sur un modèle data-driven ou event-driven. L’idée est de permettre au logisticien d’interagir à un instant T, d’être beaucoup plus agile et flexible et de s’adapter en temps réel à la situation précise dans laquelle son entreprise se trouve.
Adrien Soulier, Directeur Général de WIIOMeilleures données grâce à l’automatisation
C’est la multiplication de technologies qui utilisent la donnée qui nécessite de réfléchir à un système holistique, qui permet de relier toutes ces technologies pour centraliser toutes les données. La Suite Logicielle IRIIS de WIIO se dirige vers cela : il s’agit d’un logiciel qui rend agnostique n’importe quelle technologie, et relie différents systèmes entre eux, pour les intégrer dans l’entrepôt avec un système no-code. De quoi permettre aux entrepôts d’être ouverts en continu à l’innovation et à l’agilité.
Aujourd’hui, les Warehouse Management Systems sont standardisés : c’est l’éditeur de logiciels qui porte la charge de créer des processus optimisés et de les rendre paramétrables pour un entrepôt en particulier. Cette standardisation des process se fait dans le WMS, mais aussi dans ses échanges avec l’écosystème, par exemple sur les flux mécanisés ou automatisés. Les informations du terrain sont mises à jour en temps réel dans l’ensemble de la chaîne, ce qui contribue à réduire les tâches administratives. Par exemple, un contrôle de colis peut se faire automatiquement sur un convoyeur, avec prise de photo, étiquetage, contrôle pondéral… et ces informations permettent à la fois d’aiguiller le process physique (zone d’anomalie, retour…) et la traçabilité, pour remonter les informations au client ou au service client. Cette standardisation des process est déjà en cours et va s’accélérer dans les années à venir.
Baudouin De Martene, Consultant avant-vente chez Reflex Solutions